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Le continent

(le monde de Tonton Raoul)

... et la mort (récit apocryphe II)

J’ai compris que tout allait s’arrêter. Je le savais mais je n’ai pas su m’y faire. J’aurais voulu encore tant leur donner !

Et puis j’ai su que tout allait s’arrêter. Je ne sais plus ni le jour exact, ni l’heure. Je ne respirais presque plus. Une machine le faisait pour moi mais, même elle, bientôt, elle ne servirait plus à rien. Quand le corps a fini de marcher, tout s’arrête.

Je n’étais plus conscient. Je souffrais sans souffrir. Je n’avais plus qu’à partir dans la paix. On m’avait offert au moins cela, ce luxe des soins palliatifs.

J’ai encore senti qu’il se passait quelque chose autour de moi, j’ai senti des présences. Trois femmes. J’ai senti des mains aimantes prendre les miennes, décharnées et inertes. J’ai su que je n’étais pas seul. Ma femme et mes filles m’entouraient. Autour de ma dépouille, il y avait trois femmes. Comme pour le Christ. Je ne risquais plus rien maintenant. Tout allait s’accomplir et je saurais bientôt si j’avais eu raison ou non de croire, contre vents et marées.

Ce fut long. Nos corps sont plus costauds que nous ne le pensons. La machine se battait, le cœur se battait, la vie a du ressort, même dans ces moments là.

Tout s’est arrêté une première fois. Le cœur. La machine.

Des pressions sur les mains. Un silence.

Et puis un nouveau battement. Encore, essayer, résister, durer. Je ne savais plus rien de ce qui se passait. J’assistais impuissant et absent à mon ultime combat. Quand la force de l’homme n’a plus besoin de l’homme pour combattre, encore, encore un peu.

Nouvel arrêt.

Fini ?

Encore. Boum.

Après je ne sais plus.

Après, tout s’est éteint.

Je suis entré dans la lumière.

 

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